Prix Interallié 2024 - Première sélection
Voici la première sélection de 13 romans pour le prix Interallié 2024, la deuxième étant prévue le 3 octobre, les finalistes attendus le 7 novembre, pour une proclamation du Prix le 13 novembre.
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«Je pardonne à tous et à tous je demande pardon. Ça va ? Pas trop de bavardages.» Le 27 août 1950, Cesare Pavese se donne la mort dans la chambre 49 de l'Hotel Roma, à Turin. Il laisse un mot d'excuse, des poèmes et un journal intime, Le Métier de vivre. Pierre Adrian a retracé le dernier été d'un écrivain hanté par le suicide. Il a cherché dans sa vie et dans ses livres de quoi nous apprendre, malgré tout, le douloureux métier de vivre. Pavese apparaît au fil des pages comme un compagnon de route taciturne, drôle, sincère. Au cours de ces errances en ville et dans les collines, on croise Monica Vitti et Antonioni, Calvino, des actrices américaines... Mais aussi «la fille à la peau mate», qui déambule aux côtés du narrateur sur les traces d'une ombre, dans ce Piémont devenu le lieu éblouissant des retrouvailles avec l'être aimé. Avec ce nouveau récit au charme furieux, Pierre Adrian nous donne à contempler une Italie d'après-guerre en noir et blanc, où la littérature et la politique sont une question de vie ou de mort, où rien n'est jamais grave mais où le tragique finit par s'inviter.
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Vous savez quoi ? Le roman d'un journaliste
François Armanet
- La Table Ronde
- Vermillon
- 5 Septembre 2024
- 9791037114549
Journaliste depuis le début des années 80 à Libération puis au Nouvel Observateur, François Armanet revit les cinquante rencontres qui l'ont le plus marqué. Au fil des ans, on croise des écrivains (Jim Harrison, Toni Morrison, John Le Carré, Salman Rushdie...), des figures du cinéma (Jean-Luc Godard, Jackie Chan), du rock français (Serge Gainsbourg, Françoise Hardy, Alain Bashung...) et anglo-saxon (Madonna, Bruce Springsteen, Patti Smith, Mick Jagger...). D'un portrait à l'autre, il nous plonge dans l'intimité de moments singuliers au bar du Ritz, à bord du Concorde, à la pointe des Cornouailles, sur un plateau de cinéma à Hong Kong ou sous le pont de Brooklyn. Le tout témoigne d'un monde en voie de disparition qui dessinerait, dans ses goûts, ses questions, une sorte d'autoportrait de l'intervieweur. Ou le roman d'un journaliste.
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«Je suis la véritable trace, le plus solide des indices attestant de tout ce que nous avons vécu en dix ans en Algérie. Je cache l'histoire d'une guerre entière, inscrite sur ma peau depuis que je suis enfant.» Aube est une jeune Algérienne qui doit se souvenir de la guerre d'indépendance, qu'elle n'a pas vécue, et oublier la guerre civile des années 1990, qu'elle a elle-même traversée. Sa tragédie est marquée sur son corps : une cicatrice au cou et des cordes vocales détruites. Muette, elle rêve de retrouver sa voix. Son histoire, elle ne peut la raconter qu'à la fille qu'elle porte dans son ventre. Mais a-t-elle le droit de garder cette enfant ? Peut-on donner la vie quand on vous l'a presque arrachée ? Dans un pays qui a voté des lois pour punir quiconque évoque la guerre civile, Aube décide de se rendre dans son village natal, où tout a débuté, et où les morts lui répondront peut-être.
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Des portraits bouleversants d'êtres seuls, vus par un homme lui-même solitaire, qui essaie de comprendre ce qui l'a séparé de son père.
Journaliste célibataire d'une quarantaine d'années, le narrateur se rend dans la maison de son père qui vient de décéder et dont il n'avait plus de nouvelles depuis longtemps.
Alors qu'il trie ses affaires, il tombe sur un dossier qui comporte des textes de sa propre plume, écrits vingt ans plus tôt dans le cadre d'une commande de presse. Des portraits d'hommes et de femmes confrontés à la solitude, que, pour une raison mystérieuse, son père a précieusement gardés.
Les piliers de comptoir d'un café sans éclat, un sans domicile fixe qui a joué de malchance, un alcoolique qui vit encore chez sa mère, un homme transparent qui n'a jamais su retenir le regard d'une femme, une institutrice de maternelle qui collectionne les amants sans pouvoir tomber amoureuse, un vieux fermier enfin, qui illustre l'isolement agricole.
Tout en relisant ces portraits, le narrateur se remémore des moments avec son père et tente de comprendre ce qui les a éloignés l'un de l'autre.
D'une écriture délicate, à la sensibilité rehaussée de pudeur, Yves Harté rend ces êtres abandonnés absolument bouleversants. Il explore, avec une empathie contagieuse, le tabou de la solitude qui nous effraie et qui, pourtant, au fond, nous réunit tous. -
Une enquête intime sur le suicide de Stefan Zweig à Petrópolis, au Brésil, le 23 février 1942, peu de temps après sa visite à Georges Bernanos. Bâti autour de la conversation que Sébastien Lapaque imagine entre ces deux géants de la littérature du XXe siècle, ce récit miraculeusement lumineux se nourrit de plus de 25 ans de recherches, de voyages et de rencontres. Entre le saccage nazi de la vieille Europe et l'avènement d'un fascisme tropical, une histoire politique et littéraire fascinante, une réflexion poignante sur la tentation du désespoir mais aussi un grand livre d'alerte.
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Céleste s'interroge : depuis quand son amie Servane a-t-elle développé cette curieuse obsession pour les objets de valeur ?
La première fois qu'elles se rencontrent, elles ont quinze ans, Servane porte des ballerines qui bâillent sur les côtés et débarque dans un lycée huppé de la capitale tandis que Céleste, impeccablement à la mode, règne sur ce monde dont elle n'a jamais eu à apprendre les codes. Céleste introduit Servane à Thaïs, à Mathilde, au déconcertant Étienne, aux rallyes parisiens, et les deux jeunes femmes tissent une amitié que rien ne semble pouvoir menacer.
Pourtant, lorsque des années plus tard, à l'occasion des vingt-sept ans de Céleste, un vase précieux disparaît, un doute s'insinue, coriace. Chercher à posséder ce dont d'autres disposent si facilement fait-il de Servane une suspecte ? À mesure que l'enquête avance, une jeunesse dorée se déchire et les rancoeurs passées ressurgissent, abîmant la sensation, fragile, d'avoir trouvé sa place. -
« Bad-jens : mot à mot, mauvais genre. En persan de tous les jours: espiègle ou effrontée. »
Chiraz, automne 2022. Au coeur de la révolte « Femme, Vie, Liberté », une Iranienne de 16 ans escalade une benne à ordures, prête à brûler son foulard en public. Face aux encouragements de la foule, et tandis que la peur se dissipe peu à peu, le paysage intime de l'adolescente rebelle défile en flash-back : sa naissance indésirée, son père castrateur, son smartphone rempli de tubes frondeurs, ses copines, ses premières amours, son corps assoiffé de liberté, et ce code vestimentaire, fait d'un bout de tissu sur la tête, dont elle rêve de s'affranchir. Et si dans son surnom, Badjens, choisi dès sa naissance par sa mère, se trouvait le secret de son émancipation ? De cette transformation radicale, racontée sous forme de monologue intérieur, Delphine Minoui livre un bouleversant roman d'apprentissage où les mots claquent pour tisser un nouveau langage, à la fois tendre et irrévérencieux, à l'image de cette nouvelle génération en pleine ébullition.
D'origine iranienne, lauréate du prix Albert-Londres et grand reporter au Figaro, Delphine Minoui couvre depuis vingt-cinq ans l'actualité du Proche et Moyen-Orient. Publiés au Seuil, ses récits empreints de poésie, Je vous écris de Téhéran et Les Passeurs de livres de Daraya (Grand Prix des lectrices ELLE), ont connu un immense succès et ont été traduits dans une dizaine de langues. -
« Je croyais écrire cette histoire pour mon père, alors que c'était l'inverse : cette histoire, il me l'avait offerte. Et chaque fois que j'ouvrirai ces pages, je le retrouverai comme si je tenais son coeur vivant entre mes mains. »
Quand son père malade le presse d'écrire sur son ancêtre Louis, capitaine des hussards fauché en 1914 dans une charge de cavalerie, Thibault de Montaigu ne sait pas encore quel secret de famille cache cette mort héroïque. Ni pourquoi elle résonne étrangement avec le destin de son propre père qui décline de jour en jour. La course contre la montre qu'il engage alors pour remonter le passé se mue en une enquête bouleversante où se succèdent personnages proustiens et veuves de guerre, amants flamboyants et épouses délaissées.
Thibault de Montaigu nous raconte une lignée hantée par la gloire et l'honneur. Mais aussi ce qu'il reste d'amour et de courage dissimulés dans le coeur des hommes. -
Le nouveau roman événement d'Olivier Norek.
" Je suis certain que nous avons réveillé leur satané Sisu.
- Je ne parle pas leur langue, camarade.
- Et je ne pourrais te traduire ce mot, car il n'a d'équivalent nulle part ailleurs. Le Sisu est l'âme de la Finlande. Il dit le courage, la force intérieure, la ténacité, la résistance, la détermination... Une vie austère, dans un environnement hostile, a forgé leur mental d'un acier qui nous résiste aujourd'hui. "
Imaginez un pays minuscule.
Imaginez-en un autre, gigantesque.
Imaginez maintenant qu'ils s'affrontent.
Au coeur du plus mordant de ses hivers, au coeur de la guerre la plus meurtrière de son histoire, un peuple se dresse contre l'ennemi, et parmi ses soldats naît une légende. La légende de Simo, la Mort Blanche. -
« Il a pensé aux enfants qu'il avait eu la chance de connaître, il a pensé à la grâce de deux vies ensemble, il a pensé qu'il voulait voir encore la beauté de la nature, et le courage des hommes. Et la tendresse. Il avait envie de sentir leur vie contre la sienne. Aimer et être aimé. »
Est-ce l'amour ou la rage qui lui donne cet élan ? L'élan vital d'un jeune homme de vingt ans dans un monde sans halte et sans refuge. Un monde où l'on préfère détourner le regard plutôt que prendre l'injustice à bras le corps, et où la plus pure expression de l'innocence - l'enfance - est bafouée.
Lorsqu'il part à la rencontre de son petit frère, placé en foyer après avoir été retiré à la garde de son père, Ben ne se pose pas de question : il suit son instinct. De ces retrouvailles avec Jimmy, au milieu d'enfants ballottés de foyers en familles d'accueil, jaillira cette détermination folle qui le mènera jusqu'en Ukraine et jusqu'au bout de lui-même. Là où des enfants sont kidnappés avant d'être déportés par les Russes. Car, il le sait bien, qui sauve une vie sauve l'humanité tout entière.
Sous la plume vibrante et pudique de Véronique Olmi, c'est toute la puissance du combat contre l'indifférence et l'oppression qui s'exprime et confère à ce roman une dimension universelle. Ben, figure christique inoubliable, redonne sens aux mots « liberté » et « humanité ». -
« Vous êtes l'amour malheureux du Führer »
Jean-noël Orengo
- Grasset
- Litterature Francaise
- 28 Août 2024
- 9782246831372
1969 : Albert Speer, architecte favori et Ministre de l'armement d'Hitler, publie ses Mémoires. Revisitant son passé, de ses mises en scène des congrès nazis à la chute du Reich, il parachève l'ultime métamorphose qui a sauvé sa tête au procès de Nuremberg et va faire de lui la star de la culpabilité allemande. Affirmant n'avoir rien su de la Solution Finale, il se déclare "responsable, mais pas coupable." Les historiens auront beau démontrer qu'il a menti, sa version de lui-même s'imposera toujours.
Comment écrire sur un homme qui a rendu la fiction plus séduisante que la vérité ?
A l'heure des fake news et de la guerre des récits, voici le roman d'un des plus grands mensonges de l'Histoire. Traquant les scènes de la vie de Speer, s'interrogeant sur leur vraisemblance, éclairant certains aspects, allant là où il s'arrête en convoquant les acteurs capitaux d'après guerre, notamment l'historienne Gitta Sereny, l'auteur propose une lecture vertigineuse de celui à qui l'un de ses collaborateurs affirmait : « Savez-vous ce que vous êtes ? Vous êtes l'amour malheureux du Führer ». -
Berkeley, 1973. Département de dynamique des systèmes. Quatre jeunes chercheurs mettent les dernières touches au rapport qui va changer leur vie. Les résultats de l'IBM 360, alias « Gros Bébé », sont sans appel : si la croissance industrielle et démographique ne ralentit pas, le monde tel qu'on le connaît s'effondrera au cours du xxie siècle. Au sein de l'équipe, chacun réagit selon son tempérament ; le couple d'Américains, Mildred et Eugene Dundee, décide de monter sur le ring pour alerter l'opinion ; le Français Paul Quérillot songe à sa carrière et rêve de vivre vite ; et l'énigmatique Johannes Gudsonn, le Norvégien, surdoué des maths ? Gudsonn, on ne sait pas trop. Certains disent qu'il est devenu fou. De la tiède insouciance des seventies à la gueule de bois des années 2020, Cabane est le récit d'une traque, et la satire féroce d'une humanité qui danse au bord de l'abime. Après Soeur (sélection prix Goncourt 2019) et Le Voyant d'étampes (prix de Flore, finaliste Renaudot et sélection Goncourt 2021), Cabane est le troisième roman d'Abel Quentin.
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Les grandes patries étranges
Guillaume Sire
- Calmann-Levy
- Litterature Francaise
- 21 Août 2024
- 9782702184523
« Sa voix était miel et poison, sang et lait. Joseph l'aurait reconnue parmi des millions. Il savait que si Anima, un jour, lui demandait quelque chose avec cette voix - si elle lui demandait quoi que ce soit -, il serait incapable de refuser. »
À la mort de son père, tombé au champ d'honneur, Joseph Portedor emménage avec sa mère sur l'île de Tounis, à Toulouse. Le garçon est d'une sensibilité extrême. D'une pression de la main, il peut deviner une grossesse, un coeur qui s'épuise, la composition d'un objet, son histoire. On se passe le mot. Il consulte le samedi dans un bordel où sa mère fait le ménage.
Et il y a sa voisine du dessous : Anima Halbron, une juive. Elle a des oreilles de lutin et une langue venimeuse.
Son père lui a appris à jouer Schumann. Quand Joseph la rencontre, il a beau n'être qu'un enfant, sa vie bascule.
Il la protégera coûte que coûte.
Dans cette fresque baroque qui nous entraîne de la Première à la Seconde Guerre mondiale, Guillaume Sire nous conte avec générosité et tendresse une histoire d'amour impossible entre un homme que tout blesse et une femme que rien n'atteint.