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Leslie Kaplan
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Contre la littérature politique
Pierre Alferi, Leslie Kaplan, Nathalie Quintanae, Tanguy Viel, Antoine Volodine, Louisa Yousfi
- Fabrique
- 19 Janvier 2024
- 9782358722728
À l'aube des années 10 de ce siècle, alors que la sous-direction antiterroriste frappait à la porte, aux fenêtres et sur les ami-es de notre maison d'édition, nous avons publié « Toi aussi, tu as des armes », sous-titré poésie & politique. Ce livre, où il était question de poésie, réunissait des écrivain-es qui avaient en commun de ne pas trop aimer qu'on les traite de poètes. Il venait témoigner d'une conversation presque clandestine à propos des manières de faire de la poésie une politique et de rendre à la politique sa poésie. Il y a plus de dix ans ce geste constituait une petite bizarrerie. Aujourd'hui, le mot « politique » est partout en littérature, peut-être au point d'en disséminer le sens et d'en atténuer la portée. C'est ce qui nous a à nouveau poussés à réunir quelques ami-es (et ami-es d'ami-es) parmi ceux et celles qui ont maintenu un effort pour renouveler la tension entre littérature et politique moins comme un thème ou une position mais davantage comme une manière de faire et de défaire.
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Une série de féminicides, un tueur, «l'assassin du dimanche». Des femmes s'organisent, créent un collectif, avec Aurélie, une jeune qui travaille en usine, Jacqueline, une ancienne braqueuse, Anaïs, professeure de philosophie, Stella, mannequin, Louise, une femme de théâtre...
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La première édition de ce livre culte, premier livre de Leslie Kaplan en 1982, a d'abord été publié dans la collection Hachette/P.O.L et repris en 1987 par P.O.L. L'excès-l'usine montre de face l'usine, le travail à l'usine et le devenir de ceux qui y vivent, leur enfermement dans cet espace immense, dans «la grande usine univers», infini en morceaux. L'usine est vécue au féminin, ce qui rend son impersonnalité d'autant plus impersonnelle (le «je» cède la place au «on») et le «cela» vécu dans l'usine dépasse, excède tous les mots qui pourraient le décrire, ces mots sont en trop. Cette nouvelle édition est augmentée d'un entretien de Leslie Kaplan avec Marguerite Duras réalisé en janvier 1982 ; ainsi que d'un texte de Maurice Blanchot sur L'excès-l'usine paru dans le journal Libération en 1987. « Je crois qu'on n'a jamais parlé de l'usine comme vous le faites. Elle est complètement autre chose, elle est comme à l'origine d'un autre temps. On la reconnaît. C'est très impressionnant. Comme une donnée commune. Même à tous ceux qui n'ont jamais abordé ça.» (Marguerite Duras) « Des mots simples, des phrases courtes, pas de discours, et au contraire la discontinuité d'une langue qui s'interrompt parce qu'elle touche à l'extrémité. C'est peut-être la poésie, c'est peut-être plus que la poésie.» (Maurice Blanchot)
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Il était une fois, aujourd'hui, dans notre pays : « Il y eut ce printemps-là une série de crimes particuliers. Ceux qui les commettaient étaient des exploités de toutes sortes, employés, salariés, ouvriers agricoles, domestiques, misérables divers, et ceux qui étaient assassinés étaient des patrons, des gens pour qui il n'y a qu'à... étudier, faire un effort, traverser la rue, etc. » Ce petit livre est issu d'un mouvement de colère et d'indignation. Et d'un constat : le monde marche sur la tête. Il y a un mensonge sur l'origine de la violence. La violence vient d'abord d'en haut, pas d'en bas. De ceux qui possèdent le pouvoir, l'argent, l'éducation, etc., et qui se comportent comme des privilégiés. Elle ne vient pas des opprimés, des exploités, qui cherchent à défendre ou à élargir de maigres acquis en usant de moyens parfai- tement légaux et inscrits dans la Déclaration universelle des droits de l'homme et du citoyen, comme le droit de manifester.
C'est drôle, inquiétant et cruel. C'est une farce sanglante qui rappelle certains textes de Voltaire ou de Dos- toïevski. Leslie Kaplan propose avec Désordre un bref conte féroce, moderne et d'actualité. La fable et la fiction deviennent des armes redoutables pour dénoncer la violence du réel. Ici, la littérature piège les mots du pouvoir, en les prenant au mot, tout simplement, pour faire apparaître l'absurdité du monde dans lequel nous vivons. On pense avec trouble à notre situation sociale agitée, à la révolte des Gilets jaunes. On peut ainsi prendre au pied de la lettre l'accusation de violence faite aux exploités, aux opprimés. L'effet produit est comique : un rire de sou- lagement. Autre chose serait donc possible ?
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Simon Scop est psychanalyste. Il guette l'occasion, cherche l'enfant dans l'adulte, l'étincelle dans le noir. Il a pour patients le gros Édouard que sa mère dévore tout en le gavant, Sylvain qui expie les traumatismes de son enfance en se torturant, Marie «si lourde de poids mort» et d'autres encore... Les séances se succèdent, toujours palpitantes, tendues, poétiques, parfois drôles comme du Chaplin.Hors les murs du cabinet, il y a aussi Eva, Eva murée dans la haine de soi et libérée par la lecture de Kafka, à la poursuite de laquelle notre psychanalyste se lance.
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Tous présidents !
Le président de la République multiplie les « visites surprises » un peu partout dans le pays. Visites de plus en plus étranges et loufoques. Mais un beau jour, ça suffit. L'Élysée fait une communication : « Un imposteur usurpait la place, le rôle, la figure, l'image du président. » Mais ce faisant il les questionne, et il enclenche dans toute la société un mouvement où chacun s'approprie ce personnage de président. Il suffit de mettre une perruque et de prendre la parole. Le mouvement devenu général provoque en retour la peur, des petits groupes réactionnaires pro-police, pro-ordre se forment :
« Chacun à sa place », « Que rien ne bouge », « À bas l'angoisse ». Que faire ? Actions, interventions, associations, graffitis.
Les écoliers s'y mettent, écrivent eux aussi sur les murs... Répression, fureur, nouveaux partis politiques... « On était dans un drôle de moment. ».
Leslie Kaplan propose ainsi une nouvelle fable politique, après Désordre (2019). Un texte très sérieux et très drôle à la fois, sur la folie du monde dans lequel nous vivons.
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«Les jours précédents avaient été pénibles, très pénibles, il se le disait en se traînant vers la cuisine et en se faisant du café, il aurait aimé, il pensait, les effacer, les supprimer, ne plus du tout avoir à y penser. Eh bien n'y pensons plus, il se le dit avec une vigueur qui contrastait avec ses gestes lents et mous, eh bien n'y pensons plus. La radio lui indiquait qu'on était le 1er septembre, Tant mieux, dit Millefeuille à voix haute, tant mieux, à bas l'été, dit encore Millefeuille, vive l'automne, vive la rentrée, vive la reprise, vive les gens qui travaillent, à bas. Il s'arrêta, chercha, et dit très fort, Tout le reste, à bas tout le reste. L'adversaire avec lequel il débattait n'était autre que lui-même, bien entendu, mais en un sens, il fallait s'en méfier d'autant plus.»
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fever est un livre sur le crime, mais la question, le suspense, le côté thriller, n'est pas qui a tué - ça on le sait tout de suite - mais pourquoi.
il s'agit de la folie, celle qui ne se voit pas, qui ne se dit pas, sauf justement dans le crime. c'est l'irruption violente de l'histoire dans la vie de cieux adolescents d'aujourd'hui.
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L'applatissement de la terre ; le monde et son contraire
Leslie Kaplan
- P.O.L.
- Fiction
- 18 Février 2021
- 9782818052242
Certains des textes regroupés dans L'Aplatissement de la Terre ont été écrits pendant la pandémie et le premier confinement en France, d'autres non, tous donnent des nouvelles du monde, monde souvent réduit, divisé, meurtri, mais où une parole peut toujours se déployer, raconter une histoire, et chercher à sa façon la rencontre.
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Qui est folle, dans Louise, elle est folle ? Les deux femmes en scène s'accusent, se renvoient la balle, elles utilisent une troisième, Louise, absente, comme une façon de désigner ce qu'en aucun cas elles ne veulent être mais elles s'acharnent l'une contre l'autre, comme si chacune représentait pour l'autre quelque chose qu'elle rejette pourtant il s'agit de comportements habituels, de phrases entendues partout, acheter n'importe quoi, voyager sans voir, manger sans penser, vouloir gagner, l'horreur quotidienne et au cinéma, les clichés, les clichés, les clichés... Toutes choses bien réelles et présentes, qui sont là, dans le monde sont-elles folles de faire ce qui se fait ? ou est-ce la réalité qui est folle ?
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Mai 68, le chaos peut être un chantier ; conférence interrompue
Leslie Kaplan
- P.O.L.
- Fiction
- 3 Mai 2018
- 9782818045084
Mai 68 a été une immense prise de parole dans toute la société française, entre étudiants et ouvriers, entre jeunes et vieux, entre femmes et hommes. On a parlé de tout, de tout, de tout, de la politique comme de la sexualité, des revendications comme des désirs, et ce mouvement culturel qui contestait la société capitaliste marchande dans son ensemble et dans ses détails nous a légué des outils pour penser aujourd'hui, et d'abord, pour continuer d'explorer la parole : pourquoi parler, comment parler, un dialogue, c'est quoi.
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Marie cherche l'amour et le fuit en même temps. Elle parcourt la ville, lieu de tous les possibles, elle fait des rencontres, David, Sammy, Max, elle part, toujours, jusqu'à ce que...Portrait d'une jeune femme d'aujourd'hui, portrait de la ville ici et maintenant. Jeux du désir et de la pensée. La vie n'est pas faite pour les amateurs ! Parfois, c'est vrai, les jeux semblent faits. Mais quelque chose, quelqu'un, arrive, qui peut mettre la vie, la ville, la société en crise...
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Pourquoi elles sont deux, dans Déplace le ciel ? pourquoi la télévision ? et les animaux ? pourquoi les animaux ? pourquoi elles parlent anglais ? et pourquoi elles rêvent tout le temps ? oui, pourquoi les rêves ? Déplace le ciel est une pièce sur l'amour, la recherche de l'amour, le désir et la peur de l'amour, sur la solitude et sur le monde dans lequel nous vivons, et où nous sommes confrontés à une pensée faite de clichés, une pensée télé, c'est une pièce sur la difficulté de dire son expérience sans la rabattre sur des idées reçues et du savoir acquis, c'est une pièce sur le désir de découverte, de nouveau, de départ et de changement, c'est une pièce sur les rêves et le rêve.
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Mathias et la Révolution est le récit d'une journée prérévolutionnaire aujourd'hui à Paris.
Mathias traverse la ville, il a un rendez-vous important, il fait des rencontres, il pense à la Révolution, il en parle. Dans le livre tout le monde pense à la Révolution, en parle. Et il y a des émeutes, pour des raisons précises, un accident dans un hôpital de banlieue où il y a eu un mort. Il faut être clair par rapport au mot « révolution ». Dans le titre, ce n'est pas par hasard, s'il y a une majuscule. Il s'agit de la Révolution française. Leslie Kaplan l'a prise comme point d'appui pour parler d'aujourd'hui. Si Mathias et la Révolution s'appuie sur l'Histoire, si c'est un livre où l'on se réfère à la Révolution, les person- nages, les situations sont d'aujourd'hui.
Aujourd'hui, l'idée de révolution vise un nouveau changement du cadre de pensée : s'extirper du capitalisme néolibéral. Il y a une remise en cause des fondements mêmes de la société pour essayer d'aller vers un système qui prenne en compte le collectif et le commun, sans tomber dans des choses qui ont existé et dont plus personne ne veut entendre parler - à raison - comme le communisme d'Etat. « On ne peut plus continuer comme ça, on veut autre chose ! », est dans l'air. On est dans une période qui cherche. Personne dans le livre n'est un révolutionnaire professionnel. Mais chacun essaie de faire des choses différentes, d'agir différemment, chacun dans son domaine propre, bien qu'il n'ait pas d'indications sur comment faire. Et le fait que la Révolution française a existé dit que c'est possible de changer l'état des choses, de faire bouger la façon de penser des gens.
C'est un roman polyphonique, il y a toutes sortes de personnages, avec des points de vue différents, parfois opposés, et il y a beaucoup de dialogues et de questions, la propriété privée, le marché, vendre et se vendre, le poids du passé colo- nial, le racisme, la culture, le conformisme, la violence. et un désir général de liberté, d'égalité, le refus des inégalités, des idéologies de la supériorité.
C'est un roman « d'idées » qui montre comment on vit concrètement dans sa vie les idées aujourd'hui, un roman politique, qui interroge comment vivre ensemble ici et maintenant, et dans le moment actuel qui est souvent un moment déprimé et cynique c'est un livre qui met au contraire l'accent sur le désir de mouvement, de changement, sur la joie de ce désir, et qui dit qu'un autre point de vue est possible.
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Ce livre est l'histoire d'une rencontre dans un monde où même la douleur peut être confisquée, et où les sentiments - certainement la passion est là - flottent à l'état pur, sans objet.
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Marie, ses amants, passés, présents.
Elle y pense, elle les retrouve, elle fait de nouvelles rencontres, elle cherche, elle aimerait trouver, mais elle part, toujours, jusqu'à ce que... C'est la ville, étonnements et possibles. La douleur et les conflits existent, mais ils sont saisis à partir du rêve et du désir, on est dans un mouvement. Joie de la pensée et présence du corps, absence de hiérarchie, mélanges, l'amoralisme peut fonder une éthique.
Jubilation du soleil et tristesse de la solitude. On trouve un bar, il y a un Américain, hasard et disponibilité au hasard, on s'enfuit, on revient, on ne revient pas, il n'y a pas de système explicatif, pas de psychologie, le symptôme fait partie de la vie. Parfois le désir bégaye, ou se traîne dans l'errance, mais la pensée peut être un événement, elle peut rendre les êtres et le monde plus légers, si elle est un risque, si on la prend au sérieux.
La vie n'est pas pour les amateurs, et l'histoire d'une vie n'est pas une collection d'anecdotes. jeux du désir et de la pensée. Parfois, c'est vrai, les jeux semblent faits. Mais quelque chose, quelqu'un arrive qui peut mettre la ville, la société, en crise, et le réel se rappelle à nous, le réel large et ouvert, suspendu. Un chaos peut être un chantier.
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Ce livre parle de Mai 1968. Deux personnages occupent la scène:Stéphane et Miss Nobody Knows. L'un et l'autre sont désespérés. Mais tandis que l'un ment, raconte et se raconte des histoires, l'autre fait de son angoisse un moteur pour elle-même, peut-être, pour les autres sûrement. Pour la narratrice, par exemple, qui, on peut l'imaginer, écrit ce livre à cause d'elle. Il s'agit à la fois d'une évocation et d'une enquête. Évocation de la grande grève de 1968. «Quelque chose se passe.» L'espoir, l'attente, la reprise, la déception, ou la stupeur, plutôt. Miss Nobody Knows en est comme la figure vivante. Elle ne cesse de poser des questions, les questions. Elle disparaît comme elle est apparue, sans explication ni justification. Elle reviendra. L'enquête, elle, concerne le suicide de Stéphane, oncle de la narratrice, brillant publicitaire, enfant apparemment gâté des Trente Glorieuses, et en même temps, noeud de contradictions, mauvaise conscience, une angoisse à faire payer aux autres. Comment, pourquoi, est-il mort? Qui était-il?
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C'est l'histoire d'une Américaine à Paris, qui est née à Brooklyn et vit en France depuis son enfance. « Qui suis-je ? », est-ce que c'est : « D'où je viens ? » Bien sûr que non. Mais c'est une façon de raconter le passé, lointain et proche, et le présent. Avec le borscht et les ice-creams, le chewing-gum et le pain perdu, Broadway et Montparnasse, les comédies musicales et les films de Chaplin, sensations et images, mots anglais, mots français, enfance et adolescence, amour et politique, après-guerre et années 60, le monde s'ouvre, se referme, la vie se creuse, se déploie, et l'Amérique est toujours présente, réelle comme le rêve ou le cauchemar, infinie comme la fiction.
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Jackie et Lou sont peu à peu obsédés par l'idée du renoncement qui peut survenir à tout moment de la vie ou qui peut même être déjà là, imprégnant tout acte, toute pensée, dès l'enfance. Ce renoncement, cette fin de la pensée, c'est ce que Leslie Kaplan appelle Le Silence du diable.
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Un parc, au centre de la ville, sans démarcation. Au loin, des immeubles en verre transparent et froid. Le ciel bleu. Des fumées basses. On sent la proximité de l'océan, accroché à la ville. Là-bas, le pont. Le plus beau du monde. Des rencontres ont lieu, nécessaires, urgentes : Julien et Anna, qui travaille dans des écoles, mais provisoirement. Chico, serveur au grand café, et Mary, qui fabrique et vend des robes. Entre eux, Nathalie, six ans. C'est la fille de Mary. Tous l'aiment. Julien, surtout. Il veut l'emmener là-bas, sur le pont de Brooklyn.
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Ce n'est pas que sa vie à elle était mauvaise, non, se disait-elle sur le trajet qui lui restait à faire jusqu'à son poste matinal. Et elle pouvait alors aisément comparer la vie qu'elle avait menée depuis douze ans à celle de ses seize premières années, car, lorsqu'elle marchait, c'était comme si un pied était à Mexico, l'autre dans le Chiapas. Il lui semblait aussi respirer d'une narine la suffocante atmosphère de la ville, de l'autre celle de la forêt, entendre d'une oreille le tapage de la rue mexicaine, de l'autre la musique qui sortait des haut-parleurs de la Plaza principal de San Cristobal de las Casas, qui avait tout autant que le non-retour de l'oncle Pedro alimenté ses rêves, une musique inouïe dont elle savait mainetnant qu'elle était jouée par des instruments appelés piano, violon, violoncelle, alot, flûte, etc., mais qui lui avait semblé être une émanation des arbres de la place, comme les fumées qui filtraient par les interstices des tuiles de certaines maisons sans cheminée de San Cristobal semblaient être les pensées et les rêves mêmes des habitants.
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Les prostituées philosophes ; depuis maintenant Tome 2
Leslie Kaplan
- P.O.L.
- 2 Avril 1997
- 9782867445606
Dès le titre il faut sy attendre : une affaire de murs et de morale.
Dun côté Thomas et son père Stanley. Un père défaillant dont le fils dans une violence ascendante refuse la fatalité. De lautre Marie-Claude, un travesti qui un jour a décidé de changer les choses avec ses amies prostituées, sen sortir, ne plus subir. En porte-parole affranchie, elle continue à raconter la vie de ces filles dans la péniche-bar quelle tient maintenant, à lenseigne des Prostituées philosophes. Cest dailleurs devenu un lieu de rencontre pour Thomas et son amie Zoé qui écoutent, sépaulent, se cherchent à lombre du père pauvre type et des typesses maternantes. Ici se posent les questions de lidentité, des limites, du poids de lhéritage, des arbres à abattre, des valeurs, pour lesquelles personne na de réponse mais qui doivent être posées. Nous sommes dans ces parages où la pensée ne se dissocie pas de la sensibilité mais où lune lautre se relaient et se relancent dans un mouvement délucidation qui ne cesse pas.
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C'est un lieu singulier, à la fois clos et ouvert. Le château, ses allées, ses pelouses, les chambres blanches séparées par de grands couloirs, des gens y vivent. C'est comme une succession d'agrandissements photographiques où tout, l'existence des êtres et celle des choses, est perçu en même temps, figure sur le même plan, sans distinction hiérarchique. On perçoit presque physiquement les volumes, la densité des objets, leur couleur, leur consistance ; les vies s'organisent, celle de Jenny et Louise qui se promènent, s'aiment, s'observent, celle de Camille, de Serge, de Michèle. Le criminel est là aussi, mais il est peut-être, surtout, l'autre qui vit au dehors.
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Un quartier, deux amis, Serge et Jean. Serge travaille dans une petite usine, Jean s'occupe d'un lieu culturel, l'Atelier. Deux jeunes femmes, Anaïs et Lise. Anaïs se prostitue, Lise donne des cours de formation permanente. Serge, Jean, Anaïs et Lise s'aiment et se désirent, ils font en même temps l'apprentissage de la brutalité du réel, des limites de l'amitié, et du pouvoir parfois bon, parfois destructeur, des mots. À travers leurs passions et leurs déchirements, ils se confrontent au monde, y prennent part, et butent sur une interrogation simple et ravageante : qui s'en sort et à quel prix.